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Souvenirs...

Dernièrement, j'ai croisé ma chère éditrice qui, en rangeant son bureau, est retombée sur mon manuscrit et sa lettre de présentation. Le manuscrit devait donner naissance à mon premier Polars en Nord, "Du 357 dans le shaker". À l'époque, il s'appelait "Crimes et délices" et, tentant le tout pour le tout, je l'avais accompagné d'une petite lettre qui avait beaucoup amusé sa récipiendaire...
J'espère qu'elle vous plaira également
:

Madame,

Il me semble impossible que vous ayez oublié notre rencontre :
une pluie diluvienne s’était abattue sur Kuala Lumpur et ses environs. Tous les avions avaient été immobilisés sur le tarmac de l’aéroport. Vous étiez assise en tailleur dans un coin de la zone de transit. Les yeux rivés sur un manuscrit, vous jouiez avec une mèche de cheveux, la triturant, l’ondulant sans même vous en rendre compte. Parfois, il vous arrivait de sourire après avoir tourné une page.
Lorsque l’annonce du vol pour Paris se fit enfin entendre, vous avez refermé l’ouvrage qui vous captivez tant. C’est à cet instant que j’ai reconnu la couverture… Ma couverture : un colt surmonté d’un verre à cocktails. Aucun doute possible.
Je bravais ma timidité pour vous aborder, assez maladroitement, au moment où l’hôtesse malaisienne vous invitait à franchir le portique. Vous n’avez eu que le temps de m’adresser un sourire avant de disparaître dans le couloir qui devait vous mener vers l’avion tant attendu.
Les premiers symptômes de la fièvre jaune sont apparus peu après : tremblements, sueurs froides, nausées… Les autorités sanitaires m’ont immédiatement mis en quarantaine, m’interdisant durant plus de deux semaines de rentrer à mon tour en Europe.
La fièvre fut telle que je garde encore aujourd’hui un souvenir confus de cette période. J’en arrive même à me demander si cette rencontre improbable n’était pas le fruit de mon imagination, le résultat d’un cocktail de médicaments locaux hallucinogènes… Qui sait ?
C’est pour cette raison que je vous adresse de nouveau mon manuscrit, vous imaginant le lire, souriante, une mèche de cheveux roulée entre les doigts.
Bien cordialement.
Denis Albot

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